Des récoltes de miel fructueuses dans le Jura grâce à un printemps exceptionnel

Après une année 2019 catastrophique, la récolte est abondante en raison d’un printemps très fleuri. Mais, même si les volumes sont importants, certaines variétés de miels spécifiques pourraient être déclassées en miel « toutes fleurs ».

« On peut parler d’année exceptionnelle, avec des volumes assez impressionnants, de beaux miels, de belle qualité », témoigne Amélie Poux, responsable marketing et communication de la coopérative France Miel à Port-Lesney. Cette coopérative apicole regroupe 125 adhérents dans toute la France. Le début d’année était très prometteur : des précipitations pendant l’hiver et un bel ensoleillement qui a créé des conditions favorables aux plantes mellifères. Pour les apiculteurs, la bonne santé des ruches cette année n’est pas due à un effet positif du confinement.

« C’est dû, non pas au Covid et à la nature reprenant ses droits, mais bien aux semaines très chaudes en mars et avril qui ont favorisé les montées de nectar », précise Amélie Poux.

Une chose est sûre : les abeilles ont dû être moins embêtées par le bruit et les vibrations des voitures. Pour Jean-Baptiste Malraux de l’Association pour le développement de l’apiculture (ADA) de Bourgogne Franche-Comté, le constat est à nuancer : « Cette année 2020, on a commencé par dire que c’est une excellente année. Mais ce n’est pas tout à fait le cas, les volumes et la qualité du miel ne sont pas à la hauteur de nos attentes en fonction de l’altitude et de l’endroit où on est. C’est une bonne année pour beaucoup et une année très moyenne pour certains. La production est de 25 kg par ruche en moyenne. Les apiculteurs en plaine ont eu de bonnes conditions, ce qui n’est pas le cas des producteurs de miel forestier. La récolte de miel de sapin est plus aléatoire : les facteurs climatiques sont prépondérants dans la production de miellat qui est une excrétion d’insectes suceurs de sève tels que les pucerons ou les cochenilles. »
Le miellat est butiné par les abeilles au même titre que le nectar des fleurs. Avec l’évolution du climat,  la floraison de l’acacia coïncide avec celle d’autres fleurs« Du coup, les abeilles butinent partout, l’acacia et d’autres fleurs, et on ne peut plus mettre la mention “miel d’acacia”», déplore la coopérative apicole de Port-Lesney.

L’acacia en concurrence avec les autres fleurs

Gelées printanières, vents et sécheresse estivale. Tant de raisons qui font que le miel d’acacia a dû être récolté deux à trois semaines en avance. Avec le réchauffement climatique, l’acacia fleuri au même moment que d’autres espèces. Les abeilles ne se contentent alors pas que d’acacia : elles butinent d’autres fleurs. Pour les miels d’appellation, il faut procéder à une analyse : le taux de sucre et le type des pollens définissent leurs provenances. Si les taux ne sont pas respectés, le miel d’acacia peut être déclassé en miel toutes fleurs. La récolte de cette année n’est pas bonne au niveau des volumes et de la qualité de ce type de miel.

À partir du 1er janvier 2021, l’étiquetage sur la provenance du miel sera obligatoire. En France, deux miels ont une AOC/AOP (appellation d’origine contrôlée/protégée) et trois qui ont une IGP (Indication géographique protégée).  « Avec le soutien du conseil régional et l’Europe, on travaille sur la question d’un miel de Bourgogne Franche-Comté. C’est dans l’air du temps », indique Jean-Baptiste Malraux de l’ADA.

Édouard LANTENOIS, Le Progrès, 10 Septembre 2020